Les CADA : un partenariat qui se renforce

Les CADA : un partenariat qui se renforce
Un travail étroit est mis en place avec les Centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) de Dax et de Biscarrosse. Il permet de favoriser le départ en séjours d’enfants et d’adolescents demandeurs d’asile. Bilan avec la directrice, Soumia EL YOUSFI, et le chef de service, Ghislain MARATIER.

La JPA 40 : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) et nous dire quelles sont vos missions ?

Soumia EL YOUSFI, directrice des CADA de Dax et de Biscarrosse : Le CADA est une structure délégataire d’une mission de l’État. Nous avons cinq missions en direction des personnes orientées chez nous :

  • accueillir et héberger,
  • l’accompagnement à la demande d’asile,
  • l’accompagnement social, administratif et à la santé,
  • l’accompagnement à la scolarité et à l’apprentissage du français,
  • et la préparation à la sortie (insertion, logement, emploi) des personnes qui obtiennent une réponse positive à leur demande d’asile et qui deviennent réfugiées.

Ghislain MARATIER, chef de service du CADA du Grand Dax : Dans le cadre de ces missions, il est également indiqué : « la proposition d’activités socioculturelles et le développement de partenariats avec le tissu associatif local ». C’est dans ce cadre-là que nous nous sommes mis en relation avec la JPA pour pouvoir proposer aux enfants des familles que nous accueillons des sorties pendant les temps de vacances scolaires.

La JPA 40 : Quels sont les profils des familles que vous accueillez ?

G.M : Les profils familiaux varient car nous accueillons les personnes uniquement durant le temps de la demande d’asile. On peut avoir autant des familles monoparentales que des familles avec plusieurs enfants. Les âges des enfants varient également. Les profils sont aléatoires d’une année sur l’autre.

Nous accueillons également des couples sans enfant. Nous avons 50 % de place pour des personnes seules et 50 % de place pour des familles.

La JPA 40 : Ces familles ont-elles l’habitude de proposer à leur.s enfant.s de partir en séjours de vacances ou en centres de loisirs ?

S.E.Y : Pour la grande majorité des familles que nous accueillons et qui n’ont pas de moyens financiers importants, elles n’en ont pas l’habitude. Par exemple en Afrique, on ne paie pas pour mettre ses enfants en séjours. Culturellement, ils n’ont pas l’habitude de le faire et ce n’est pas non plus répandu d’envoyer ses enfants dormir ailleurs que dans le cercle familial. C’est donc important d’avoir ça en tête lorsque l’on veut travailler avec ce public, pour pouvoir lever les freins au départ et éviter les refus. Certains ont pu vivre des traumatismes du type enlèvement d’enfants ce qui peut aussi rendre difficile la décision de les laisser partir. D’autre part, nous avons un public qui s’interroge beaucoup sur la mixité des sorties : est-ce que les filles vont dormir le soir entre filles, etc. Toutes ces informations sont donc importantes et on a besoin de les connaître pour pouvoir rassurer et transmettre aux familles les modes d’organisation.

Quand l’expérience est positive, ils sont demandeurs, mais le premier enjeu est de passer le cap d’envoyer son enfant pour la première fois sur un séjour avec nuitées.

La JPA 40 : Quels sont les autres freins à la réalisation de ces séjours que vous rencontrez ?

G.M : Beaucoup d’explications et d’informations ont été faites auprès des familles sur le fonctionnement des séjours avec nuitées. Les freins n’étaient pas tant dans l’organisation qui a pu être expliquée, mais plutôt pour la plupart des séjours réalisés cette année, sur la façon de transporter les enfants jusqu’aux lieux de séjours lorsque le transport n’était pas pris en charge. Des bénévoles ont été sollicités cette année ou des personnels exceptionnellement, mais cela reste le principal frein rencontré cette année. Le frein lié à la charge financière avait été levé au préalable grâce au dispositif des colos apprenantes, les freins quant à l’organisation également.

S.E.Y : En effet, les arrivées et départs des séjours les samedis sont un problème pour nous en termes d’organisation puisque nos personnels ne travaillent pas le week-end et que les familles que nous accueillons n’ont pas de véhicule personnel. Si ce frein là n’est pas levé, cela pourrait devenir compliqué pour la suite.

G.M : Peut-être pourrait-il être abordé avec les organisateurs la possibilité de mettre des familles résidant dans le même secteur en relation pour envisager des transports communs type covoiturage avec la signature d’une autorisation des parents.

S.E.Y : Il serait intéressant d’intégrer à la fiche d’inscription en séjour une question du type « seriez-vous intéressé par du covoiturage ? ». ou « acceptez-vous que l’on vous contacte si une famille cherche à covoiturer dans votre secteur ? ».

La JPA 40 : Cet été, ce sont neuf enfants au total sur vos deux CADA qui sont partis en séjours. Quel est l’impact de cette expérience observé sur les enfants qui sont partis et sur leurs familles ?

S.E.Y : Sur le CADA de Biscarrosse, le retour est extrêmement positif parce que cela permet aux enfants de ne pas rester chez eux. Ces familles n’ont pas les moyens de les mettre au centre de loisirs donc s’ils n’étaient pas partis en séjour ils ne seraient pas sortis de chez eux. Les séjours leur ont permis de faire des activités à moindre coût, ce qui n’est pas négligeable. On a vu aussi des évolutions en termes de confiance en eux, d’expression à l’oral pour les enfants. Pour les parents, cela a aussi été un temps de répit leur permettant de faire autre chose comme davantage de démarches administratives et d’apprentissage du français. Donc les retours sur Biscarrosse n’ont été que positifs.

G.M : Sur le CADA de Dax le constat est le même. Tous les enfants ont été satisfaits de leur séjour et souhaitent y retourner par la suite. Notamment la plus grande des filles pour qui cela a permis de s’intégrer car elle venait d’arriver à Dax et le séjour lui a permis de faire des connaissances, d’échanger son numéro avec certains et de rester en contact avec des amies après le séjour. Les parents ont aussi pu prendre du repos et pour certains avoir des temps privilégiés avec leurs plus jeunes enfants.

La JPA 40 : Enfin, selon vous, quels seraient les moyens à mettre en place pour encourager de nouvelles familles de vos structures à « penser vacances » pour leur.s enfant.s ?

G.M : En ce qui me concerne, je pense qu’il faudrait que l’on parvienne à s’y prendre le plus en amont possible le temps que l’idée mûrisse dans la tête des familles. Cela n’a pas été possible cette année en raison du Covid-19. A l’avenir l’idéal serait de s’y prendre dès la sortie du catalogue pour que nous ayons le temps de leur présenter les séjours en visite à domicile le plus tôt possible pour espérer aboutir à un plus grand nombre de départs. Cela permettrait aussi que les enfants aient davantage de choix sur les séjours et puissent avoir plus de temps pour passer par exemple les attestations préalables aux activités nautiques demandées pour certains séjours.

Pour valider l’inscription des enfants, nous avons formalisé une procédure qui fonctionne bien avec l’étape nécessaire du calcul du quotient familial de ces familles par le service des bons vacances du Conseil départemental par votre intermédiaire.

Nous restons également ouverts aux séjours automne-hiver que vous nous transmettez et nous reviendrons vers vous si des familles sont intéressées.

La JPA 40 : Merci à vous.

Entretien visio réalisé le 6 novembre 2020